Excuse my french

samedi 4 septembre 2010

COUP DE BOULE : quand Jacquet mérite un pain

Aimé contemple le toit du Stade de France. Pour vérifier si Evra, Toulalan et Ribéry sont toujours suspendus ?

La mairie de Verneuil-sur-Avre vient de fourguer une statue de Johnny qui l'encombrait depuis 2008. Et si l'on déboulonnait celle d'Aimé Jacquet dont l'ombre nous pèse depuis 1998 ?  S'en prendre à Aimé Jacquet est devenu aussi sacrilège que pisser  sur la flamme du soldat inconnu. Aimé est ce héros au sourire si doux et  qui nous a assis sur le toit du Monde un beau soir de juillet au siècle dernier. Un exploit insensé et toujours un peu irréel quand on pense que nos avant centres s'appelaient alors Stéphane Guivarc'h et Christophe "nanananaire" Dugarry. Eusse été Maïté que cela n'aurait rien changé. Les Bleus devaient gagner. C'était écrit sur le Grand Rouleau d'Aimé Jacquet, sinon dans L'Equipe. Donc, Aimé de France trône désormais dans le panthéon des héros français quelque part entre le Général de Gaulle, l'Abbé Pierre et le Capitaine Dreyfuss.
Avant la barbiche, le book
Les écolier de France apprendront bientôt qu'il est né à Sail-sous-Couzan (Loire), le 27 novembre 1941, qu'il a été un valeureux footballeur ouvrier (fraiseur le jour, sportif le soir ; comme d'aucunes de nos jour sont - Zone interdite nous l'a raconté - étudiantes le jour et prostituées la nuit) avant de se tourner vers la carrière d'entraîneur avec des bonheurs divers. Jusqu'à cette apothéose en forme de revanche de la Coupe du Monde 1998. Depuis lors, le grand homme exploite sa notoriété, tel Buffalo Bill écumant les cirques européens après avoir massacré le dernier bison ricain. D'ailleurs , il s'en est fait le look, adoptant une barbichette de bon aloi.Non content de toucher le jack pot avec le récit de sa vie de saint  (Ma vie pour une étoile, vendu à 300 000 exemplaires), Mémé se loue pour des conférences. Contre 17 000 euros; il y révèle sa recette du succès à des Jean-Claudes de la Cogip. Mais il y a aussi Mémé le consultant tél (60 000 euros par mois sur Canal + pour la durée de la Ligue des champions), Mémé la bête de pub (des spots d'anthologie pour les cafétérias Casino, un contrat forcément très juteux avec Betclic) ; le tout légitimé par Mémé la pièce jaune, son activité de curé laïc sous les auspices de Dédette Chirac.

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Reste que ce n'est pas pour ce merchandising aussi tardif que frénétique que l'on cherchera des poux dans la tignasse étonnamment drue de l'homme du 12 juillet. Qu'un membre de sa génération de footballeurs cocus de l'histoire s'incruste au banquet des jeunes milliardaires surpayés est plutôt sympathique. Non, c'est durant la Coupe du Monde que Tonton Mémé nous a fait tousser. Lorsqu'Anelka insulte Domenech, quand la 7ème compagnie du capitaine Evra se met en grève, les caméras du Canal Football club révèlent un Aimé au bord du "nervousse" breakdown. Va-t-il dénoncer la muflerie d'un joueur qui insulte l'entraîneur qui l'a soutenu contre vents et marées ? Déplorera-t-il le piètre exemple donné aux jeunes ? Que nenni. Certes Jacquet fustige le manque de conviction et d'esprit d'équipe des Bleus. Mais ce qui le navre surtout  - comme d'autres, à sa décharge - c'est le non respect de l'omerta : on a violé le "sanctuaire du vestiaire". Ce lieu qu'il avait ouvert aux Yeux dans les Bleus ; même si c'était en rouspétant. Hasard ou coïncidence, c'est L'Equipe - ce journal qu'il poursuit d'une haine si tenace qu'elle ferait passer Edmond Dantès pour un mollasson amnésique - qui a osé écouter aux portes.

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De retour en France, on s'attend à ce que le même batte sa coulpe, avoue qu'il a eu tort de peser de tout son poids pour le suicidaire maintien de l'imposteur Domenech et encourage une révolution à la FFF. On rêve. Jacquet avalise la main mise des calamiteux médiocrates de la Direction techniques nationales sur le foot français. Pire, le voilà qui - compromettant le pauvre Michel Hidalgo -critique les dérisoires sanctions finalement prises contre les meneurs de Knysna. Qu'on se le dise Frank Ribéry, notamment, est un mec bien. "Franck Ribéry, je ne le connais pas mais je l'ai croisé il y a pas longtemps. Il m'a spontanément salué, ça m'a fait plaisir". Imparable. Mémé a-t-il  conté fleurette à Zahia dans une cafétéria Casino ? Mystère. En tout cas, l'affaire ne le choque pas. "Je suis déçu que sa privée soit jetée aux chiens ; surtout dans notre milieu". 
Aux chiens. Comme Bérégovoy. Ben voyons.
Aimé le conférencier : "à la Sematec, faut que vous muscliez votre jeu, les gars. Sinon, ceux de la Cofrinco, je vous préviens, ils vont vous marcher dessus"
L'ancien fraiseur n'aurait-il pas pu en profiter un tout petit peu pour dénoncer à travers lui l'effarante dérive des stars du foot moderne, de plus en plus hermétique à la morale, la politesse, l'éducation ? Non, il préfère se taire un tout petit peu. J'en croque donc je suis. Complice. Forcément complice. Un tout petit peu.
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(PS : ami, lecteur, un horripilant tic verbal d'Aimé le consultant de luxe par mois s'est glissé dans ce dernier paragraphe. Sauras-tu un tout petit peu le retrouver ?)

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